Il existe évidemment de très nombreuses médailles militaires partout dans le monde. Chaque pays ayant développé ses propres médailles selon son histoire. La distinction militaire suprême au sein de l’armée britannique est par exemple la croix de Victoria (la Victoria Cross) qui n’a pas cours pour les armées françaises. Chez nous, son équivalent est évidemment la très prestigieuse légion d’honneur.
Mais malgré quelques spécificités nationales, le principe d’une décoration militaire reste largement partagé entre les différentes armées.

Médaille : définition

Au sens premier, une médaille est une « pièce de métal, en général circulaire, portant un dessin, une inscription en relief, frappée en l’honneur d’une personne ou en souvenir d’un événement ». C’est en tout cas la définition du Larousse.
Vous avez donc peut-être eu une médaille à votre baptême, qui n’a surement pas grand-chose à voir avec une médaille militaire, comme vous vous en doutez. Mais ce sont toutes les deux des médailles par définition.

Avec le temps, le sens du mot médaille a pris un sens plus large pour désigner également le « signe distinctif d’une récompense honorifique ». C’est ce dont il est réellement question lorsqu’on parle d’une médaille militaire.

Dans l’armée d’ailleurs, plutôt que le terme médaille, il serait en fait plus juste de parler de décoration. Le terme insigne aussi est très largement utilisé par les textes officiels. Et oui, car toutes les décorations militaires ne sont pas en forme de médaille… certaines sont en forme de croix ou d’étoile par exemple.

Les différents formats des médailles françaises

En France, une même médaille peut se porter officiellement (et selon les circonstances, qui sont généralement réglementées) sous quatre formes différentes :

1. Médaille ordonnance

La médaille dite « ordonnance » également appelée « pendante » ou encore « insigne complet de décoration » lorsqu’elle est dans sa taille d’origine et suspendue à un ruban. Dans ce cas, la largeur du ruban est 37 mm, et la médaille souvent d’une taille équivalente, avec un diamètre d’environ 37 mm également.

2. Médaille dixmude

La « barrette de décoration » ou « dixmude », ou encore « ruban de rappel ». Sous cette forme, la médaille se limite à son ruban, monté en forme de rectangle. Une barrette de décoration conserve la largeur du ruban classique, de 37 mm, dans un rectangle de 1 cm de haut.
montage médaille militaire en format ordonnance et barrette dixmude montage médaille militaire réduction

3. Médaille réduction

La médaille en format « réduction » ou « miniature ». C’est une copie à l’identique de la médaille ordonnance, aux mêmes proportions mais en taille réduite. La médaille réduction est de ce fait également une médaille pendante. Elle est un tiers plus petite que sa grande sœur la médaille ordonnance. Sa largeur de ruban est donc de 12 mm. Son port est réservé aux tenues de soirée.

4. Insigne de boutonnière

Le rappel de la médaille sous la forme d’un signe discret : « insigne de col », ou « rappel de boutonnière » ou « fixe ruban » ou « rosette de boutonnière ». On parle parfois aussi d’agrafe de boutonnière ou encore de nœud de boutonnière. Les appellations ne manquent pas en somme. Il s’agit de rappeler une médaille sur une veste civile. On ajoute alors un léger rappel à la boutonnière. C’est un simple fixe ruban quand il s’agit d’un ruban simple (par exemple pour un chevalier de la légion d’honneur), qui se transforme en rosette de boutonnière au grade d’officier. Plusieurs formats existent selon si l’on porte sa médaille en pin’s (ce sera un nœud de boutonnière dans ce cas), ou entre la boutonnière et le bord de la veste à l’aide d’un « fixe ruban » ou d’un fil cousu à la veste.

Les éléments constitutifs d’une médaille militaire

Pour faire une décoration militaire, il y a donc deux éléments clés. Le ruban de la médaille d’une part, et la décoration, l’insigne métallique lui-même.

1/ Le ruban de la médaille (militaire)

Le ruban de la médaille est une partie clé qui identifie la médaille à lui seul. Il varie selon les médailles mais reste propre à chacune. En France, le seul ruban rouge sert par exemple à identifier la légion d’honneur. Le ruban peut être uni ou multicolore, avec ou sans rayures, et rayé dans différents sens. On trouve par exemple des chevrons bleus de 3 mm sur la médaille de la reconnaissance de la nation.

De plus, la forme du ruban d’une médaille varie parfois selon les pays. La plupart du temps, le ruban de la médaille est choisi pour rappeler la signification de la décoration qu’il accompagne.

Pour finir, sous la forme d’une barrette dixmude, le ruban se porte seul, d’où la nécessité de pouvoir identifier la médaille portée avec ce seul élément.

2/ La médaille (la partie métallique de la décoration)

Le deuxième élément clé d’une décoration militaire est le plus évident. C’est la médaille elle-même dans son sens premier, c’est-à-dire un cercle métallique (parfois en métal précieux) portant un dessin et/ou une inscription en relief. Similaire à une pièce finalement. D’ailleurs on « frappe » une médaille comme on frappe une pièce de monnaie.
C’est aussi pour cette raison qu’on utilise les termes numismatiques pour désigner les deux cotés d’une médaille. L’avers de la médaille est son côté face, la partie visible quand on porte la médaille. Soit le recto pour faire simple. L’autre côté, le recto, s’appelle lui le revers de la médaille.

Attention au revers de la médaille

Le saviez-vous ? L’expression « le revers de la médaille » désigne au sens figuré le mauvais côté caché de quelque chose de bon. L’avers d’une médaille est généralement la partie jolie et attractive, alors que le revers, qui est toujours caché, n’est pas soigné parce qu’il reste dans l’ombre.

Dans les faits, le revers d’une médaille militaire est généralement assez sobre et présente souvent une citation ou une inscription en lien avec la médaille elle-même. On peut également graver les médailles à cet endroit pour les personnaliser.

Une « médaille » est faite d’un insigne. Et ce n’est pas toujours une médaille

Vous l’avez compris, une médaille militaire se compose donc d’un ruban et d’une médaille. Mais la médaille n’est pas toujours une médaille au sens strict. C’est un insigne en métal qui peut prendre différentes formes. La plupart du temps, c’est soit une croix, comme la croix de la valeur militaire par exemple, soit une étoile, comme la légion d’honneur, soit enfin une médaille, comme la médaille pour acte de courage et dévouement dite sauvetage.

Ceci étant dit, il arrive aussi que d’autres insignes soient choisis pour réaliser une médaille. Les insignes des palmes académiques (de l’ordre du même nom) sont bien en forme de palmes par exemple (deux palmes qui s’entrecroisent pour être exact). Autre exemple de forme moins classique : la médaille militaire de l’ordre de la libération. Même si on retrouve une croix de Lorraine dessinée sur cette décoration, il s’agit surtout d’un écu rectangulaire portant un glaive dépassant en haut et en bas, surchargé par ailleurs d’une croix de Lorraine noire. Un design plus complexe qu’il n’y parait à première vue donc.
Exemple de la médaille aéronautique et de la médaille de la libération, avec croix de lorraine

3/ Anneau, bélière ou les deux

L’insigne d’une médaille militaire va donc de pair avec un ruban sur une médaille pendante. Pour accrocher l’insigne au ruban, il faut un troisième élément. On trouve selon les modèles de médailles :

  • Un anneau classique, tout simple. Il est souvent assez discret et implique donc une forme de triangle sur le bas du ruban de la médaille.
  • Une bélière. La bélière est aussi un système d’accroche à la médaille, mais à la différence d’un anneau, c’est une pièce en métal sculptée dont la forme est travaillée. On peut citer en exemple la bélière de la médaille aéronautique (en bleu dans l’image ci-dessus). Le terme bélière désigne à l’origine l’anneau d’accroche d’une cloche, qu’elle soit autour du cou d’un bélier ou sur le clocher d’une église…
    Le fait d’avoir une bélière sur une médaille pendante permet notamment de donner au ruban une jolie forme rectangulaire, par opposition à l’utilisation d’un anneau.
  • Un anneau et une bélière, les deux ensemble. Dans ce cas, la bélière se situe entre l’insigne de la médaille et l’anneau, qui est lui fixé sur le ruban. C’est le cas de la légion d’honneur par exemple, dont la médaille possède une couronne de chêne (à gauche) et de laurier (à droite) comme bélière.

Au passage, concernant la légion d’honneur, l’insigne de la médaille elle-même est une étoile qui recouvre une couronne de laurier et de chêne. Les feuilles en question étant inversées par rapport à la bélière. Le diable est dans les détails diront certains…

Nœud et demi-nœud sur une médaille

Il y a cinq niveaux de grade différents pour la médaille de la légion d’honneur ou la médaille de l’ordre national du mérite. En format ordonnance, la manière de les porter les distingue relativement facilement. Mais sous forme de médaille réduction, bien plus petite, ou en barrette avec simplement le ruban, c’est bien plus compliqué. Il existe de ce fait une codification autour de la rosette et des demi-nœuds qui l’accompagne.

Ainsi le ruban seul correspond au grade de chevalier, une rosette seule en plus du ruban indique le grade d’officier. Aux grades plus élevés, la rosette est placée sur un nœud de ruban, qui précise alors le grade de la médaille. Ce nœud de ruban est en fait constitué de deux demi-nœuds, un de chaque côté de la rosette, car les deux côtés ne sont pas toujours de la même couleur. Ces demi-nœuds sont réalisés en ruban métallique. Ils sont en argent pour le grade de commandeur. Vient ensuite le grade de grand officier, où l’un des demi-nœud est en argent et l’autre en or. Puis, grade le plus haut de la légion d’honneur, le grade de grand-croix est représenté par deux demi-nœuds d’un ruban or en dessous de la rosette.

Un canapé pour asseoir votre médaille militaire

Le canapé désigne un élément sur lequel on vient asseoir une médaille. C’est parfois un nœud, comme dans l’exemple ci-dessus, à savoir la rosette de boutonnière d’un grand officier de la légion d’honneur. Il s’agit dans ce cas d’une rosette rouge, disposée par-dessus deux demi-nœuds (un argenté et un or). De ce fait, ces deux demi-nœuds constituent un canapé pour la rosette.

Plus généralement, dans le jardon médaille, le canapé désigne le drap noir en feutrine sur lequel est réalisé un montage de médaille, pour arborer la totalité des médailles dont on a été décoré.

Alors non, si vous me pardonnez la blague, pour être décoré, il ne faut ni s’endormir sur ses lauriers (comme la légion d’honneur), ni rester coincé au fond de son canapé (comme votre montage de médaille).

Avez-vous un beau placard de médailles ?

Le « placard » est une expression utilisée dans le jargon militaire français. Elle désigne l’ensemble des médailles / le montage de médaille d’une personne, en particulier lorsqu’elles sont nombreuses. Si en plus, c’est un beau placard, alors c’est que réellement vos décorations vous honorent !

Phaléristique : définition et explication

Le saviez-vous ? La phaléristique est une science auxiliaire de l’histoire qui a pour objet l’étude des ordres, décorations et médailles. Elle est utile notamment comme outil de datation pour les historiens grâce à l’identification des décorations. Le mot dérive de phalère, une petite plaque métallique ronde et en relief que les soldats romains portaient comme décoration sur leurs cuirasses.
La phalère, ancêtres de la médaille militaire a donné son nom à l'étude des médailles, la phaléristique

Pour conclure

Vous aurez compris à la lecture de ces lignes que l’univers des médailles possède ses codes et son vocabulaire. Rien de bien compliqué en soit, il suffit de le savoir. Et évidemment, le poids de l’histoire de retrouve parfois parmi ces termes. C’est d’ailleurs le cas du nom de la médaille dixmude, qui a été baptisée après le nom d’une ville où on s’est battu pendant la première guerre mondiale. Mais ça, c’est une autre histoire…

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